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Flexi t’as rien

J’ose faire un jeu de mot à partir d’un terme qui lui même est issu d’une orthographe fantaisiste.
Car oui, le mot flexitarien, que même Robert (le dictionnaire) a décidé d’intégrer dans ses pages, est bien défini comme étant un mot valise. C’est à dire la contraction de flexible et végétarien.

L’idée serait de désigner une pratique alimentaire semi-végétarienne avec une recherche de qualité.
Grosso modo: mangez moins de viande mais mangez la mieux.
Le trouble s’installe, car que signifie moins et mieux?
Chacun entend bien ce qu’il veut.

Il y a ceux qui vont manger de la viande 3 fois par semaine et ceux qui n’en mangeront que tous les 15 jours, mais tous se considéreront flexitariens.

Ce concept venu des Etats Unis (où il a émergé à la fin des années 90) ne répond en fait à aucune définition précise. Et pour cause, comment établir des règles à une pratique qui laisse un champ d’action aussi large ?

Mais pourtant une personne qui mange de la viande, même moins, même mieux, ce n’est plus ni moins qu’une personne omnivore, non ?

Si l’on demande de nouveau à Robert, il nous répond, omnivore: qui mange de tout, qui se nourrit aussi bien d’aliments d’origine animale que végétale (ex. l’homme est omnivore).

La question est donc de savoir quel est l’intérêt du flexitarisme et à qui cela profite-t-il ?
Cela interpelle d’autant plus lorsque les réseaux sociaux l’érigent comme le « nouveau comportement alimentaire à la mode. »

Avant l’industrialisation et le développement de l’agriculture de manière intensive, nos aïeux avaient une alimentation basée sur des fruits, des légumes, des céréales et des produits frais.
Ils mangeaient de saison, assez peu de viande et même bio.

Papi et mamie étaient des flexitariens qui s’ignoraient donc…

De là, à penser que le flexitarisme est un pur concept marketing qui trouve ses sources dans un flash back à la sauce « authentique », il n’ y a qu’un pas.

Il faut reconnaître que l’ambiguïté du mot nous pousse à y croire.
Le fait que l’association nationale interprofessionelle du bétail et de la viande en ait fait le concept central de sa dernière campagne publicitaire enfonce aussi le clou.

Aujourd’hui plus personne n’ignore qu’une consommation excessive de produits carnés, est nuisible pour la santé, pour la planète et absolument pas éthique. On ne parlera pas non plus des quelques scandales à type lasagnes de cheval Findus, qui sont venu entacher la confiance des consommateurs.

Il était donc urgent de faire émerger un concept qui prône le « bien manger » le « manger sain » le « manger durable et responsable » et puis surtout qui « déculpabilise ».

C’est ainsi que le flexitarien est né !

Et tant pis si l’inventeur du mot, un certain Mark Bittman (auteur et chroniqueur culinaire américain) voulait avant tout dénoncer l’impact environnemental de la production de la viande.
Je voulais quand même réattribué à César ce qui lui appartient, et surtout lui redonner son sens originel.

Personnellement je trouve ce mot tel qu’il est utilisé chez nous, très hypocrite et ne correspondant à aucune classification diététique connue.
Pourquoi jouer l’entre-deux ?
On décide de ne plus manger de protéines animales ou bien l’on continue à en manger.
On est omnivore ou bien végétarien/lien.

Et puisque l’idée est un retour aux sources et aux valeurs de nos ancêtres, ma grand-mère disait:

« Dans la vie, on ne peut pas avoir les fesses entre deux chaises! »

L’image parle d’elle-même non?

Se retrouver au milieu d’une situation qui a tendance à nous engager vis à vis de deux parties qui, elles, s’opposent en tout point, ce n’est pas ce qu’il y a de plus confortable.

Et si l’on redemande à Robert la définition de flexible, il nous dit quand même:
« Qui s’accommode facilement aux circonstances. » Synonyme : docile.

Pas très flatteur…

Alors comment s’assoir convenablement sur sa chaise?
Voici quelques pistes: savoir assumer ses choix, reconnaitre ce qui est bon pour soi, agir en fonction de ses valeurs…

Comme disait Nelson Mandela:

« Dans la vie on a toujours le choix: aimer ou détester, assumer ou fuir, avouer ou mentir, être soi-même ou faire semblant »